L'arbre à caoutchou
Hévéa
Mis à jour le 18-09-2016 | Publié le 15-04-2016 - Lu 28 716 fois
Hevea brasiliensis est une espèce d’arbres de la famille des Euphorbiaceae. C'est une plante du bassin amazonien, particulièrement de l'état de l'Amazonas et du Para au Brésil - d'où son nom en Thaïlande : Yang Para - ยางพารา - qui signifie Latex du Para. Durant la seconde moitié du XIXe siècle, cette espèce d'arbre devint la plus importante des nombreuses plantes productrices de latex servant à la production de caoutchouc naturel : c'est cette variété que l'on trouve actuellement dans les plantations d'hévéa en Thaïlande.
Histoire
À l'époque précolombienne, le latex provenant de différentes plantes d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud était utilisé pour la fabrication de balles et autres produits en caoutchouc. Avec l'invention de la vulcanisation par Charles Goodyear en 1839 apparaît l'utilisation moderne du latex naturel. En 1876, un anglais, Sir Henry Wickham, rapporta clandestinement en Angleterre de jeunes plants d'hévéa. Ceux qui survécurent furent transférés au jardin botanique de Singapour. Ils constituèrent les plants d'origine de toutes les plantations de caoutchouc de la Malaisie actuelle et d'autres pays du Sud-Est asiatique.
Aujourd'hui, l’Asie est la principale région productrice de caoutchouc naturel avec 95 % de la production mondial estimée à environ 10 millions de tonnes. Trois pays, Thaïlande, Indonésie et Malaisie représentent 75 % de cette production. Premier pays producteur depuis 1991, la Thaïlande est aujourd’hui aussi le premier pays exportateur avec un tiers des volumes échangés annuellement. A noter que le Brésil dont est originaire l'hévéa, ne joue désormais qu'un rôle mineur.
Économie
En Thaïlande, l'exploitation des hévéas est une affaire de famille : 95 % des plantations sont des exploitations familiales dont la superficie est inférieure à 8 ha. Durant les premières années d'une plantation et afin de rentabiliser l'espace, il n'est pas rare de trouver des plantations d'ananas entre les jeunes plants d'hévéa.
Au bout de 20 à 25 ans, l'exploitation devient peu rentable par diminution de la production de latex. Les arbres sont alors abattus et remplacés par de jeunes plants. Autrefois, les hévéas coupés étaient soit brûlés sur place, soit utilisés comme combustible. Il est maintenant revalorisé en bois de menuiserie : c'est la matière première d'une vaste gamme de produits allant du mobilier d'intérieur aux planches de construction. La vente au moment de l’abattage de la plantation est actuellement une source importante de revenu pour les planteurs : ces dernières années, chute des cours du latex oblige, le revenu généré par la vente du bois est supérieur à un an d’exploitation pour une plantation en pleine production, saignée par de la main-d’œuvre familiale.
Depuis quelques années, le cours du latex ne cesse de s'effondrer. Ainsi, le prix de vente du caoutchouc a été divisé par 4 en 5 ans : 2,06 € la livre en février 2011 et 0,59 en mars 2016. L’International Tripartite Rubber Council, regroupant Thaïlande, Indonésie et Malaisie ont tenté de redresser les cours du caoutchouc par un accord conclu en février 2016 visant à réduire la production de 6 % pour faire remonter les prix. Mais à ce jour, les résultats sont très décevants.
Biologie de l'arbre
Le latex est différent de la sève : celle-ci assure la distribution de l’eau et des nutriments utiles à la croissance de l'arbre alors que le latex est impliqué dans les mécanismes naturels de défense. Il circule dans un réseau distinct des vaisseaux : les canaux laticifères. Ils se retrouvent dans toutes les parties de l’arbre, des racines aux feuilles, en passant par l’écorce du tronc. C'est cette écorce qui est le siège de l’exploitation du latex chez l’hévéa. Le latex suinte lors d’une éventuelle blessure de la plante et forme en séchant une barrière protectrice. Le latex récolté par saignée est le cytoplasme, c’est-à-dire le contenu liquide, des cellules laticifères. Il est composé d’une suspension de particules de caoutchouc. Les particules de caoutchouc représentent 25 à 45 % du volume du latex et 90 % de la matière sèche.
Récolte
Le latex se récolte par saignées réalisées sur l'écorce du tronc de l’hévéa. Elles ont lieu en saison des pluies, vers 3 à 4 heures du matin : au moyen d’un couteau spécial, les saigneurs, équipés d'une lampe frontale, parcourent les rangés d'arbres et pratiquent une légère entaille en descendant à 40° sur la moitié ou le tiers de la circonférence du tronc de chaque arbre. Le latex s'écoule durant plusieurs heures de l'incision et est récolté dans un petit pot. Puis l’encoche s'assèche par coagulation du latex et l’écoulement s’arrête. Vers 9h du matin, le contenu des pots est collecté. À chaque saignée, l’encoche est rafraichie en découpant une fine lamelle d’environ 2 mm d’épaisseur, sur toute la profondeur de l’écorce. Il est toutefois important de ne pas inciser trop profondément l'écorce ce qui abime l'arbre et le rend plus fragile. Les saignées ont lieu périodiquement, en général tous les deux jours. L’arbre peut ainsi produire du latex à partir de l’âge de 5 à 6 ans et pendant 20 à 25 ans environ.
La récolte peut se faire sous forme liquide (on parle de récolte en latex) si on procède juste après la saignée, ou solide si on laisse le latex coaguler dans la tasse (récolte en coagulum). En cas de récolte sous forme liquide, on ajoute un peu d’ammoniac pour empêcher la coagulation précoce. À l’inverse, le processus de transformation post-récolte démarre par l’ajout d’un peu d’acide (formique en général) pour faire coaguler le latex : celui-ci est versé dans des moules puis mélangé à l'acide. Le coagulât est ensuite passé dans une presse pour former des feuilles. Celle-ci sont ensuite suspendues pour séchage.
Index du prix du caoutchouc au jour le jour
Avenir
Une étude menée par une équipe de chercheurs sur le latex contenu dans les pissenlits russe du Kazakhstan a permis de faire une découverte étonnante : ce pissenlit produit une gomme, d'une qualité comparable à celle du latex secrété par l'hévéa. Conséquence : cette fleur sauvage pourrait bien représenter à l'avenir l'une des principales sources de caoutchouc. Mais ce n'est pas la seule : une autre plante intéresse beaucoup les scientifiques :le guayule, plante venue du désert du Méxique et qui contient aussi du caoutchouc naturel.
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